Fut un temps où nous pouvions
rencontrer les membres de Charlie Hebdo, demander des dédicaces, des
autographes ou partager quelques dessins.
Cabu, Tignous et toute l’équipe, étaient tous d’une gentillesse et
d’une simplicité accueillante :
Cavanna grognait et Cabu riait…
À l’évidence, certains des détracteurs de Charlie rétorquent qu’il y
avait au fond une complaisance certaine à rire de tout, et particulièrement de
la « bêtise » en général que Charlie Hebdo dénonçait. Qui crucifiera
Tignous ou Cabu sur de nouvelles icônes avec l’œil généreux de ceux qui sont
morts pour rien ? Peut-être cette unité Nationale dans l’émotion et la
douleur, main dans la main avec la prétention de croire, au gré de la satire,
du cynisme émanant d’une revue de presse bête et méchante, aux polémiques
faisant le buzz.
Charlie, comme un serpent, bousculait les conventions, militant pour le
droit à l’expression jusqu’en dessous de la ceinture. Depuis longtemps Charlie
Hebdo n’était plus subversif mais le relais constant d’une pensée provocatrice…
Fût-elle de Gauche ! Par ailleurs, son côté pornographe, sale, trop humain
dans lequel se complait son lectorat est surtout, la vitrine de l’absurde et du
clownesque illustrant la dénonciation de scandales récurant.
L’équipe de Charlie est partie, saluée par le glas comme les condamnés
d’une société en guerre, victimes co-latérales du conflit au Moyen-Orient,
victimes, eux aussi, de la barbarie. Est-ce suicidaire de choisir la Liberté et
le rire ? Dans un monde perturbé, Charlie avait choisi la dérision jusqu’à
l’abstraction de sa propre sécurité qui semblait garantie par le droit.
En France, un symbole est tombé qui montre encore l’absurdité de la
guerre.
Charlie
préférait rire de tout et il suffisait de rencontrer Cabu sourire pour
comprendre qu’il était un grand enfant, aimant faire des blagues. Jusqu’à ce
jour tragique ou la blague a mal tourné.