jeudi 23 août 2018

Peut-être fous


Dans une ville un pays un monde où des jeunes gens aux comportements suicidaires se droguent, ainsi que d’autres plus vieux touchés par l’alcoolisme meurent dans l’indifférence, dans l'ivresse de la vitesse, la violence des rapports, non pas bercés par les idéaux mais bernés. Une zone bétonnée et quadrillée par des murs et des propriétaires qui transpirent la peur, la crainte de l’autre et l’angoisse d’être spoliés. Des regards de mépris et de haine nous traversent, jusqu’à la gestuelle apparence qui dérange traversé souvent par l’arrogance et la turbulence d’une jeunesse en émois. Laquelle des attitudes adopter, quel comportement véhiculer pour être accepté sur les strates de l’activité ou seulement considéré dans les décisions communes ? On apprend en collectivité, le chacun pour soit ! Le désir de tuer parfois ou de « tirer dans le tas », n’en parlons même pas. Silence à tous les étages, un horizon bouché, un avenir impossible ainsi qu’un animé qui joue la partition de l’humanité,… Travailler ! Être quelqu’un, exister à quel prix ?… Aigrie, désabusée, la horde déborde au cri de « sauve qui peut ». Dans les centres urbains, l’art et la poésie ne s’inscrivent ni dans les salons, ni mêmes sur les émissions ou au-delà de la performance d’une expo. « Peut-être fous » est une affirmation, ce n’est pas une pensée, non plus une philosophie, en résumant un sentiment conscient, ce slogan place l’individu au cœur de ce qui est ou de ce qui n’est pas. « Peut-être fous » n’est pas un mot d’ordre mais un désordre, non pas organisé mais spontané. Celui qui ne correspond pas aux critères et pense de travers sera dématérialisé dans les limbes de la précarité jusqu’à accepter le constat. Lucide dans le bouleversement à venir de la société et de l’art, une identité en quête de sens sur la balance. « Peut-être fou » !

Bien des auteurs ont décrit la folie. Avec un père Général en Espagne dans l’armée napoléonienne, V. Hugo, s’il n’était pas devenu écrivain, serait-il tombé dans la folie ainsi que son frère ? GWF Hegel, lui, pensait qu’il n’était pas possible de décrire la politique dans un asile d’aliénés et F. Holderlin, un de ses contemporains, sombra dans cette déchéance psychique. G. de Nerval, A. Artaud, autant d’auteurs brillants qui perdirent la raison.
La guerre a rendu bien des hommes fous. La guerre dans toutes ses horreurs, sociale, stratégique, nourrie de victimes prises dans une lutte toujours incertaine. Sur tous les fronts, intellectuels, spirituels, culturels, est-ce une déconstruction programmée ou de la propagande déguisé… ? Le tag en flag ou la schlag !  Un message « peut-être… » pour nous rendre incertain dans ce flou,… Un peu « … fous ».

lundi 13 août 2018

La parole ne se libère pas mais l'esprit change

Le jargon, la langue se sont appauvris avec les réseaux numériques et la publicité à grande échelle. L’intimité décryptée est vulgarisée, affichée, véhiculée par flux constant sur des réseaux où l’acteur n’est plus en mesure de s’exprimer mais de reproduire des désirs et le plaisir de participer au spectacle sans conscience de ses propres moyens. Influencées par une idéologie ou une autre qui s’opposent, des conversations toutes faites, des mots connotés, des opinions hypocrite, violente, non construites se diffusent et répandent malheureusement une détestable ambiance. Des échanges actuels et modernes dans lesquelles la recherche de la vérité, l’observation de la réalité, ne sont pas la priorité. Dans un dialogue, l’intervenant souhaite naturellement et avant tout avoir raison de fait et dominer toute réflexion critique. La parole n’a par ailleurs qu’une seule valeur « si cela paye !». Le mensonge utilisé pour aboutir n’est pas seulement une arme mais un moyen. De son côté, la raison peut voyager, découvrir, mais reste limitée au sein d’une culture qui s’abaisse au rang des plus nombreux et qui exalte les comportements primaires dont les plaisirs sensuels sont perçus comme des marchandises accessibles. Quelles positions prendre, face à l’exposition et l’éducation des plus jeunes, vulnérable par naissance ? Une dialectique objective serait-elle celle du changement ou du retour aux principes ? Contredire les us et coutume ne suffit pas pour progresser. Les dires négatifs sont, toujours plus simple à saisir et à transmettre, qu’une conversation positive et radicalement constructive. Se plier à l’autorité subjective de l’interlocuteur, se soumettre au diktat du shéma critique n’est pas acquit par tous. Ainsi, avec des mots et des paroles sans valeurs, ayant perdu, sur le fil, la subtilité au profit de préjugé, interpréter l’autre, traduire le contenu de sa pensée, dans le discours, n’est pas chose aisé. Plus facile est, de ne rien comprendre d’une culture et d’un jargon hors temps. L’idéal de la « Liberté » réclame une certaine frustration et une auto-censure qui, si elle souhaite contredire le terrorisme intellectuel toujours plus envahissant, se doit de contrecarrer l’ignorance.